Le matériel de ski
Le matériel
A l’époque ; il est rudimentaire : skis en bois, qu’on doit passer au goudron en fin de saison, fixations en étrier, chaussures au bout « carré » et bâtons de bambou avec de grosses rondelles. En 1973, le foyer achète des skis Vandel modèle « équipe » (semelle Hickory), fabriqués dans le Jura, équipés de fixations à fourchette Rottefella, des chaussures norme 75 et les fameux bâtons de bambou. Pour cette première saison, on commande 75 ensembles (skis, bâtons) et 85 paires de chaussures, ainsi qu’un bon stock de fart de retenue !
Les skis de bois restent fragiles et la casse des spatules est fréquente. Dans le bulletin n°3 de l’association départementale des foyers, en 1975, on explique comment réparer ces skis cassés en utilisant de la résine polyester. Il existe aussi des spatules plastiques qui viennent s’emboîter au bout du ski cassé pour pouvoir rentrer au foyer. Il faut penser à emporter un pain de paraffine pour éviter les sabots de neige sous les skis.
Le matin de bonne heure c’est le tour des pistes, puis c’est le fartage des skis et les premiers clients à qui il faut tout expliquer : il y a un ski droit et un ski gauche ! Comment bloquer la chaussure dans la fixation à l’aide de la fourchette… l’utilité du fart, etc… et on les accompagne pour un petit bout de piste avant de revenir accueillir les clients suivants…
Jacky Ducret, dit le « Baron »
/…/ Une fois les mômes sur place, ils montent en courant au chalet dont la grange a été aménagée en dépôt de skis. Il y fait froid bien que le poêle brûle. /…/ On enfile les chaussures de ski. Le lundi c’est chouette, elles sont sèches. Les autres jours, elles sont souvent mouillées et il faut parfois dégeler les lacets avant de chausser. On choisit une paire de skis, des cannes à sa taille et en route pour le fartage.
La paume des mains brûle après la vingtième paire et merci la « confiture » les jours où la neige transforme. Mais pas moyen de faire autrement. Vite, une spatule de rechange, quelques farts de sécurité et un pain de paraffine dans le sac à dos ; on ne sait jamais des fois que ça botte ou que ça casse… Le groupe est bon pour le départ. Direction le plateau du bas.
Jean Gnaedig, extrait du livret du 25ème anniversaire

Bâtons en Bambou
Certes très écologiques avant l’heure, le seul problème c’est qu’ils cassaient vite assez facilement, surtout dans les grandes descentes où, placés entre les jambes, on s’asseyait dessus pour mieux se freiner. Ça s’appelait « se mettre en sorcière ».
Défarter
Corvée encore plus pénible que farter. À grands renforts de chalumeaux et de chiffons, en essayant de ne pas brûler la semelle ; Lucien Riotton, un skiman-bûcheron du cru parvenait à casser le ski en essuyant trop fort. Les quelques essais de machine à défarter ne furent pas très concluants non plus
Fart, fartage
Le cauchemar du skieur de fond, surtout s’il s’apprête à prendre un départ de course.
Ah, la douce odeur de la néra qui recouvrait les semelles, dans les petits matins glacés, au départ des courses : peu de coureurs osaient utiliser ce fart de base qui fixait les farts de glisse ou de retenue sur les neiges abrasives. Il fallait ensuite se nettoyer les mains à la crème Nivea !
Jacky Ducret, dit le « Baron »
Fixation, fourchette
Ces fixations dites de norme 75mm correspondent à la largeur du bec de canard des chaussures. Elles sont dotées de 3 ou 4 pointes qui viennent s’insérer dans 3 ou 4 trous situés sous la semelle des chaussures. (voir l’entrée Protecteur de semelles). Légèrement amélioré, ce système est toujours utilisé par nombre de pratiquants de back-country et télémark léger.
Lampe à défarter
Petit chalumeau portatif, souvent de marque Camping Gaz, qui servait à ôter le fart gluant des semelles au retour, à grand renfort de vieux chiffons, afin de retrouver des skis « propres » qui ne nous en mettaient pas plein les mains.
Les chiffons dégoulinant de fart finissaient le plus souvent brûlés en pleine nature. Tout l’art consistait à chauffer suffisamment la semelle sans la faire noircir lorsqu’elle était en bois ou fondre lorsqu’elle était en plastique.
Spatule de rechange Rex
Au début, les spatules des skis en bois (hickory) encaissaient mal les descentes légendaires de certains secteurs ! Le remède consistait à emporter une spatule en plastique que l’on enfichait à la place de la spatule cassée.
Wax
Mot anglais pour « cire »
« Autre nom du fart, pâte cireuse à base de matières chimiques dont on badigeonne la semelle pour la rendre plus glissante et plus rapide. Farter relève d’une alchimie ingénieuse où interviennent chimie, mécanique des fluides, hygrométrie, météorologie, nivologie, pifométrie, tambouille et… âge du farteur. Les adeptes du ski de fond ont complexifié la prise de tête en imaginant le fart de… retenue : un fart antiglisse ? »
(Gilles Chappaz, L’Alpe n° 74)
On n’utilisait quand même plus la cire d’abeille, et pas encore les farts fluorés qui intoxiquent les usagers lorsqu’ils sont chauffés et inhalés et qui, déposés par les skis, dégradent l’environnement.